Un film de Marie Halopeau – Keren Production
Le film « D’Amour et d’Art » plonge dans le quotidien intime et créateur d’un couple d’artistes, qui partagent leur existence depuis plus de cinquante ans.
Entre la Bourgogne et la Bretagne, au cœur de leurs maisons, de leurs ateliers et sur leurs territoires d’inspiration, Maryvonne Jeanne-Garrault et Jean-Pierre Garrault font le bilan de ces années de création et s’interrogent : l’un sans l’autre, l’œuvre accomplie serait-elle possible, impossible ? Différente ? Leur conception de la peinture et leurs méthodes de travail ont-elles façonné en partie leur relation sentimentale ? Ou est-ce l’inverse ?
A l’heure où le temps est venu de penser le devenir de leur héritage artistique, qui envahit les moindres recoins de leur foyer, Maryvonne et Jean-Pierre questionnent leur couple de créateurs.
D’autres artistes ont éprouvé ce lien délicat entre l’amour et l’art, Maryvonne et Jean-Pierre en connaissent bien les échos. Aussi, pinceaux ou fusains à la main, ils évoquent, entre autres, Renoir et son épouse-muse, la cellule créative de Sonia et Robert Delaunay ou encore la passion de Frida Khalo et Diego Rivera …
De leur territoire d’adoption en Côte d’Or à leur terre d’inspiration finistérienne, qui résonnent dans leurs œuvres, « Les Garrault » nous livrent, en toute intimité, leurs secrets et leur vision d’Amour et d’Art.
Extraits articles
A propos de Maryvonne Jeanne-Garrault
« Vibrations subtiles des gris traités en aplats rapidement posés, geste vif de l’artiste qui saisit toute la force évocatrice d’un instantané, d’une attitude, d’une lassitude et transcrit ainsi toute son émotion. Les âmes de toutes ces Bretonnes chères à Maryvonne Jeanne-Garrault vivent dans ses toiles et habitent maintenant notre mémoire ».
Jean-Louis Coudrot, conservateur du Musée du Châtillonnais,
« La figuration noble de Maryvonne Jeanne-Garrault ne dit jamais la surface des choses et des êtres, mais d’abord l’affirmation de la présence des choses et des êtres, avec quelque chose d’imposant, de crucial, voire d’implacable. Mais dans le même temps il y a fragilité et mystère, et au-delà de l’apparence, cette sorte d’absence envoûtante qui absorbe les trop-pleins de l’évidence et qu’on appelle parfois sensibilité ».
Christian Noorbergen, écrivain et critique d’art.
« Maryvonne Jeanne-Garrault s’offre ainsi témoin et actrice d’un monde en dissolution. Elle l’œuvre et en même temps le régénère par la dissolution des contours, loin de l’incision froide de l’ethnologue. Elle vise à l’essentiel, à la substance en refusant l’apparence et en efface les traces. Elle ne conserve que la sensation des rudes ou douces étoffes froissées entre les doigts, un rayon de soleil rebondit en une épingle de pardon, l’éblouissement festif de ces merveilleuses broderies que les Japonais nous arrachent.
La touche est large, pleine et forte, beaucoup de noir et de bleu foncé, plaquant sur la toile vierge la masse sombre des étoffes en mouvement piquée de l’éblouissement des collerettes immaculées. Ce sont des ombres en collectif qui refusent de mourir que nous présente Maryvonne Jeanne-Garrault, ombres de sa mémoire, ombre de sa joie et de sa douleur, auxquelles nous adhérons car nous sentons la vérité au-delà du folklore ».
Claude Youenn-Roussel, ethnologue écrivain.
« En quête de l’essentiel, la peintre poursuit un travail figuratif résolument moderne qui traduit son ancrage dans une Bretagne traditionnelle tournée vers une vision universelle du monde ».
Patricia Oranin, galeriste.
A propos de Jean-Pierre Garrault
« Le vaisseau de pierre semble flotter parfois tel un navire de haut bord, franchissant les crêts de neige bleue, les crêtes de l’écume, épousant la vague forte de l’eau, château décliné longtemps, souvent, dans la saveur retrouvée lorsque le peintre « mange » ce gâteau de pierre, à déguster comme à̀ inventorier tous ses goûts, il sera aussi bien rouge cerise, verte prune, riz blanc, prune mauve, violette parfumée, citron jaune ou bleu, orange sanguine, château de pierre à dévorer gourmand, le peintre se met à̀ tableau comme à̀ table, et savoure le bien fondé des choses que le monde lui offre, dans cette Baie de Morlaix où rien ne s’achève jamais, où tout se redistribue dans la mer et le vent, où tout prend sens pour peu que l’on regarde ce qui s’y passe, surpassant l’entendement… ».
Gérard Gay-Barbier artiste peintre écrivain.
« Empli de sève picturale, l’art de Jean-Pierre Garrault est pure métaphore de la création : œuvre en crue, univers en gestation, en métamorphose, en incandescence. Il court aux sources brutes d’une nature oubliée, préverbale, chaotique et comme débarrassée des souillures de la modernité.
Au contraire, maître de techniques ultra-contemporaines, Garrault jouit dans sa peinture d’une santé volcanique et pariétale, quasi préhistorique ».
Christian Noorbergen, écrivain et critique d’art.
« Cette peinture nous parle d’une beauté, d’une humanité qui nous entourent au milieu de nos tourments. Cette peinture définit l’homme qui habite sous ce ciel là comme un être libre, poétique, et vivant en harmonie avec son univers… et si Jean-Pierre Garrault, artiste généreux, utilise de grands formats ou des fragments de continuité, c’est que le propos ne peut pas se réduire à l’intimité ».
Yves Poyet, Peintre.
« Au-delà de l’immédiateté de la saisie, vient le travail de la couleur. J.P.Garrault cherche à restituer la brièveté lumineuse par une équivalence d’aplats. Dans ses travaux, repris inlassablement – en attestent toutes les dates inscrites au dos des œuvres – il ajuste au plus près les accords colorés et les réduit à un minimum, c’est-à-dire à l’essentiel, sans jamais perdre la fraîcheur du premier jet. D’où la force de chaque œuvre dans leur apparente simplicité ».
Claude Bachasson-Brugère, peintre exploratrice
Note d’intention
Les secrets et les mystères des ateliers d’artistes m’ont toujours fascinée. Pénétrer en ces lieux, à l’abri des regards, me semble un privilège. D’autant que les thèmes et les gestes créatifs, au-delà de la peinture en cours, font écho à notre société. Observer un artiste au travail, parcourir son œuvre, c’est percevoir à travers lui un certain rapport au monde, une vision de l’homme, de la femme, sur ce qui l’entoure et résonne en lui, en elle.
Les liens que j’ai noués avec Maryvonne et Jean-Pierre Garrault m’autorisent à explorer leur histoire d’amour et d’art en toute intimité et révèlent en même temps deux territoires à la source de leur inspiration : « Leur Bretagne et Leur Bourgogne ». A travers eux se révèlent deux œuvres, deux perceptions, deux regards qui parfois s’imbriquent et parfois se confrontent.
Leur « grand âge » enrichit le projet.
La longévité de leur relation constitue un atout essentiel pour évaluer le compagnonnage artistique et l’influence de leur relation amoureuse sur leur œuvre respective et vice versa.
Ils sont à l’heure du bilan de leur production artistique et de leur existence. Ils s’interrogent sur ce qu’ils vont laisser comme trace. Leurs créations qui envahissent leurs maisons de Massoult et de Plougasnou, déclinent les années passées.
Enfin, et cela a son importance, je suis sensible aux deux univers de ce couple d’artistes.
Avec Maryvonne, résonnent en moi la Bretagne de mes aïeux, les silhouettes dansantes, les enfants paysans et les parfums d’ajoncs chers à mon cœur. Avec Jean-Pierre, surgissent des mondes engloutis et minéraux, des géants de granit et des arbres tordus, qui révèlent la force des éléments et quelques fantômes de la Grande Histoire qui me font vibrer.