Philosophie du projet
Dans le sillage de son premier album paru en 2013, « Vous qui la terre habitez » : Psaumes de la Renaissance, salué par la critique et gratifié de 5 Diapasons, le Concert des planètes consort a choisi de rester fidèle au répertoire de la musique humaniste, conçue pour être partagée par un cercle d’amis et de proches, en réplique à l’usage d’attribut de pouvoir que l’Eglise et la monarchie attachaient à la musique.
C’est dans le répertoire dit de consort, consort music, que le Concert des planètes a choisi de puiser pour graver son 2ème album : « What is our life ? » : Music for private use, poursuivant d’explorer la musique domestique. Surtout familière des violes de gambes, la musique de consort est un enfant légitime de la Renaissance anglaise ; elle s’est façonnée en authentique genre musical dont l’écriture, que l’on peut à la croisée des styles polyphonique et concertant, est pertuellement mouvante, expérimentale pour son temps, tantôt malicieuse, voyageuse, ironique, empathique…
Déconcertante et insolite ! seraient plus juste pour qualifier l’atmosphère intime qui émane de la consort music : pratique émergente sous le règne d’Elisabeth Ist qui prit vite le statut de sport national qu’on nommera toujours : private music, music for delight, pastime music…
Au programme de l’album « What is your lifes »
Les pièces du répertoire réunies dans l’album déclinent un florilège de tableaux évoquant explicitement et implicitement le cycle des saisons comme miroir des passions humaines. « A quoi tient la vie ? » s’interroge le poète et corsaire Walter Raleigh, « à un jeu de passion » énonce-til… mais pas seulement, comprenez surtout que c’est à chacun de se reconnaître soi-même parmi le foisement du monde autant que dans le miroir de la création dont chaque être constitue une partie du tout et ne peut y échapper. Pour adoucir cet état universel, la musique et la poésie s’allient dans les madrigaux d’Orlando Gibbons : consort songs à cinq parties dont une des voix chantée se mêle aux lignes des violes de manière à faire ressortir le discours doublement mélodique et harmonique de la composition. A l’expression du moi poétisé par ces songs, nous avons choisi d’associer l’allégorie du temps, incarnée dans Les Mois de l’année de Christopher Simpson « The months », dont l’impressionnisme des tableaux successifs soulève une ambivalence de la nature des saisons évoquées par le discours musical : l’âme humaine ?