Rebecca Clarke est l’une des compositrices majeures du XXe siècle. Aujourd’hui méconnue, sa musique, composée pour sa grande partie entre les années 1910 et 1930, se démarque par une grande originalité, et une inspiration des plus fécondes. Également altiste, elle est l’une des premières musiciennes professionnelles d’Angleterre : elle mène d’abord sa carrière dans les orchestres anglais puis américains, et par la suite dans des ensembles exclusivement féminins. Majoritairement dédiées à l’alto, ses œuvres ont depuis longtemps intégré le répertoire de l’instrument. Rappelant tantôt Debussy et ses couleurs pentatoniques, tantôt l’inspiration modale britannique ou les accents néoclassiques, elles mêlent à la fois empreintes populaires, audaces harmoniques et rythmiques, clarté de timbres, le tout ceint dans une luxuriante palette de couleurs.

Vinciane Béranger, ancienne membre du Quatuor Manfred, réunit sur ce projet ses pièces les plus connues ainsi qu’une sélection de miniatures très vivaces, lesquelles incluent notamment une création. Exclusivement consacré à la compositrice, ce disque portrait permet d’appréhender l’œuvre de Clarke, injustement oubliée à sa mort, et sous-estimée de son vivant, dans son entièreté. On peut ainsi y entendre son premier succès,   Morpheus, publié sous un pseudonyme masculin et dont les textures généreuses touchent parfois au sensuel, et la Sonate pour alto, lauréate du prestigieux concours de composition sponsorisé par Elizabeth Sprague Coolidge en 1919. Si sa paternité est alors remise en question par les critiques, ne pouvant croire qu’elle soit de la main d’une femme, cet enregistrement se veut contribuer à la remettre, ainsi que le reste de sa production, dans la lumière qui lui est due.