Paul Girard Après avoir étudié la danse et la composition au conservatoire de Paris (CNSMDP), Paul Girard travaille comme danseur professionnel pour plusieurs compagnies internationales (Ballet de Leipzig en Allemagne, Grand théâtre de Genève en Suisse). Il commence une carrière de danseur indépendant avec le programme de résidence dirigé par Bob Wilson (Watermill center NYC summer 2015). Il poursuit son parcours artistique entre la France et la Suisse, aux côtés de Cindy Van Acker, Pierre Pontvianne, et Romeo Castellucci. De plus en plus habité par les seuils de sa discipline et par les pratiques écologiques, il rejoint le programme expérimental Arts Politiques, créé par Bruno Latour à Sciences Po Paris. Le corpus intellectuel et l’expérience du terrain qu’offrent ce programme lui ont permis de redéfinir le sens de la danse ainsi que la notion d’auteur. Il collabore actuellement avec Frédérique Aït Touati et Bruno Latour sur Viral, une expérience de pensée théâtrale, au théâtre des Amandiers.
Ikram Benchrif est auteur de film. Diplômée de l’école de l’image de l’Université de Dongguk (Séoul), elle coproduit des courts métrages indépendants avec Jong-Ho Park et Jae-Hyung Jung. Elle co-réalise son premier film expérimental Embrace (sélectionné pour le festival du film de Tokyo en 2017) avec le cinématographe Cho Yong-Kyu. Grand Reporter, elle couvre de 2011 à 2014, pour plusieurs médias méditerranéens, les premiers chapitres du Printemps Arabe : la guerre en Libye et la révolution en Tunisie. Depuis qu’elle a rejoint le programme expérimental de Bruno Latour Arts Politiques, elle focalise sa recherche sur la crise de la sensibilité, avec un intérêt particulier pour les mémoires des sols. Elle produit actuellement son premier film documentaire La Forme de l’Oubli, un film-essai qui explore l’érosion dans l’Anti Atlas marocain.
Qu’est ce qui bouge les lignes de vie entre Oulan-Bator et Gobi ?
Se promènent-elles au gré de la vulnérabilité des sources de subsistance ?
Retiennent-elles encore ce qui anime le déplacement : le goût, le rêve, le pur plaisir du mouvement ?
Avec la plus faible densité de population au monde, située entre deux géants de l’industrie, la Mongolie subit un changement climatique galopant qui précarise les modes de vie.
En suivant le tracé des lignes de vie des humains et non humains entre Oulan-Bator et Gobi (les deux sites de la Biennale LAM 360), nous souhaitons enquêter sur les manières d’habiter : apprendre des uns et des autres quels lieux, êtres, choses et activités importent, et identifier ce qui menace les conditions matérielles de subsistance.
Notre enquête a moins la prétention de décrire un mode de vie que nous connaissons à peine que de prendre le risque de la rencontre, pour mesurer le commun et le distant que révèlent nos manières d’habiter, nos manières d’être inquiétés, d’être parmi les choses.
L’enquête étant ici considérée comme un geste artistique, la conversation prend une forme particulière : elle fait vaciller la suprématie de la raison graphique en convoquant nos sens. Cette recherche a pour objectif de partager une représentation de ce qu’un attachement et sa possible disparition pourraient provoquer comme image, son et mouvement.
Avec la complicité d’une caméra, d’un enregistreur son et de nos corps sentants, nous souhaitons engager des interactions collectives et individuelles. Chaque interaction est ici considérée comme un processus d’auto apprentissage, à travers une description et une rétroaction.
Nous sommes deux artistes chercheurs du programme Arts Politiques (Sciences Po Paris). Il y a un an, nous avons entamé une conversation aux seuils de nos disciplines qui a élargi nos possibles narratifs. Notre proposition de recherche pour la sixième édition de la Biennale LAM 360 en Mongolie prolonge nos expérimentations avec le philosophe Bruno Latour sur ce que signifie être terrestre.